Quel horizon pour les territoires ruraux ?
C'est en octobre 2009 qu'a débuté la démarche prospective Territoires 2040, aménager le changement, sous la houlette de la Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale (DATAR). Une partie de ces travaux portent sur les zones rurales et leur ingénierie de développement.
L'étude de systèmes spatiaux
Cette démarche associe un nombre important d’acteurs territoriaux : l’ensemble de la direction et des équipes de la DATAR, les représentants de plusieurs ministères, de très nombreux scientifiques, experts et acteurs locaux qui ont accepté de travailler ensemble pour relever le défi posé.
Elle décrit :
- des territoires opérateurs de changement : "d’échelles variées, ils disposent tous de capacités endogènes, d’excellences propres pour conduire leur changement et non le subir".
- mais interdépendants, au sein de systèmes spatiaux : "on ne peut plus appréhender les territoires indépendamment les uns des autres" ; ainsi, "loin d’être figé une fois pour toutes, le périmètre d’analyse pertinent varie en fonction du temps, de la perspective ou des enjeux considérés"
Sept systèmes spatiaux sont étudiés, dont les "villes intermédiaires et leurs espaces de proximité", les "territoires à base économique résidentielle et touristique" et les "espaces de faible densité (...) entre dépendance et attractivité".
Différents facteurs de changement sont analysés dans leur rapport avec ces expaces : vieillissement démographique, temporalités professionnelles et sociales, modes et lieux de consommation, etc.
- Revue n°1, 16 articles, 104 pages : description de la démarche et premiers débats
- Revue n°2, 11 articles, 157 pages : zoom sur les espaces périurbains et leurs dynamiques
- Revue n°3, 7 articles, 175 pages : description de chaque système spatial étudié
- Revue n°4, 7 articles, 185 pages : des scénarios prospectifs pour chaque système spatial étudié
Espaces de faible densité : vers des sociétés locales apprenantes
L'un des premiers articles publié dans le cadre de cette propective porte sur les politiques publiques d'aménagement dans les espaces de faible densité.
D'après son auteur, les politiques de développement local buttent sur deux obstacles en particulier :
- l'étroitesse des périmètres d'action, sans rapport avec les bassins de vie et d'emploi
- le manque de reconnaissance du métier d'agent de développement comme "animateur, administrateur et gestionnaire de procédures, révélateur et accompagnateur d'initiatives locales".
Il s'agirait donc à l'avenir de poursuivre la professionnalisation des agents tout en formant également les élus et les habitants.
Que restera-t-il de l'industrie en 2040 ?
Le secteur a perdu entre 500 000 et 700 000 emplois depuis ces dix dernières années et les régions françaises les plus industrielles sont celles qui ont connu au cours de la décennie 2000 la croissance économique la plus faible.
Le groupe de travail animé par Gilles Le Blanc envisage 4 pistes :
- la reconstruction industrielle verte : les industries se réorientent vers des offres de biens et de services innovantes sur le plan environnemental et social
- l'effervescence : la majorité de la valeur ajoutée se situe dans le contenu informationnel du bien et du service (conception, marketing, service associé, etc.) et non plus dans les innovations technologiques.
- le maintien de citadelles : un petit nombre de grandes entreprises spécialisées et innovantes, insérées dans les réseaux mondiaux mais ayant gardé volontairement une attache en France pour certaines compétences en recherche et développement et la proximité avec le marché européen.
- l'alter-industrialisation, avec une "reterritorialisation de la production" qui repose sur une relocalisation d'activités productives traditionnelles et sur un développement du domaine de l'économie sociale et solidaire