L'étude prospective "AGRI 2050" a été confiée au Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) par le ministère. Elle vise à situer l'agriculture française dans la perspective des évolutions possibles des marchés agricoles et alimentaires, et pour cela présente une image de l'agriculture française à l'horizon 2035 puis quatre scénarios à l'horizon 2050 pour les agricultures et les forêts françaises. L'image en 2035 décrit une agriculture diversifiée faisant une place importante aux "agricultures locales non productivistes démondialisées". A partir de là, quatre scénarios sont identifiés pour 2050 : "sobriété savante", "capitalisme environnemental", "renouveau productiviste", "citoyens des territoires". L'étude propose une analyse des éléments de politique agricole et forestière pour préparer et/ou accompagner le changement. Elle identifie d'une part les articulations communes aux quatre scénarios, et d'autre part les questions en débat qui les différencient et sur lesquelles des choix politiques sont susceptibles d'infléchir les évolutions dans le sens de l'un ou l'autre des scénarios.
"Montée de la conflictualité, exaspération des agriculteurs, fractures idéologiques entre « transitionnistes » et tenants de la croissance… C'était là le monde d'avant, rappelle la Mission Agrobiosciences (INRAE) chargée de repérer les signaux faibles et d'analyser les tensions qui traversent la société dans les domaines de l'agriculture, de l'alimentation, des territoires ruraux, de l'environnement, des sciences et techniques du vivant. Avant le Covid-19 et la contraction des économies, la redécouverte des enjeux de souveraineté alimentaire, la mise en lumière de la très grande vulnérabilité de notre modèle de développement. De quoi changer la donne, vraiment, non seulement pendant la crise mais aussi pour le monde d'après ? De lever les incompréhensions mutuelles et d'établir un nouveau contrat entre l'agriculture, l'environnement et la société ?" Pas si simple, si l'on en croit un entretien qui souligne pourquoi les fragmentations de la société pourraient s'aggraver autour de ces sujets.
Le Centre d'Études et de la Coopération Juridique Interdisciplinaire, l'Institut de droit rural et l'Association française de droit rural Centre-Ouest organisaient ce colloque début mars 2020. Toutes les vidéos de cet évènement sont à présent en ligne sur le site de l'Université de Poitiers. Une autre manière - passionnante - de parler d'alimentation, par le droit.
L'entreprise Méthajoule et la communauté de communes du Pays de Salers se sont associés au sein de la société Salers Biogaz pour déployer plusieurs unités de méthanisation sur le territoire intercommunal comme réponse au traitement des effluents d'élevage et à la transition énergétique. Depuis 2017, deux sites ont été construits. Pour chaque méthaniseur, une dizaine d'agriculteurs situés en proximité assurent l'approvisionnement en matière. Le gisement est complété par les déchets verts du territoire et des co-produits végétaux. Ainsi, le méthaniseur permet de produire du biogaz valorisé en électricité et en énergie thermique, notamment utilisée par des consommateurs des environs : une coopérative laitière, une brasserie de bières... Le réseau de l'économie circulaire en Auvergne-Rhône-Alpes relate cette expérience en cours.
En cohérence avec les programmations financières européennes dans le domaine de la recherche et de l'agriculture, les programmes et actions de développement agricole et rural sont arrêtés sur une période de six ans et inscrits au PNDAR. L'actuelle programmation engagée en 2014 arrivera à échéance fin 2020. Le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a été chargé d'examiner l'architecture du prochain PNDAR. Pour cela la mission a étudié l'évaluation à mi-parcours de l'actuelle programmation, l'audit et le bilan des dispositifs financés par le PNDAR, les réflexions stratégiques et prospectives sur l'écosystème recherche-innovation-développement agricole, ainsi que le résultat des groupes de travail de la Commission technique développement agricole et rural du conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire (CT DAR CSO) ; puis elle a auditionné les représentants nationaux des acteurs du développement ; le volet régional a été appréhendé en échangeant avec deux DRAAF. Cette mission livre à présent ses recommandations dans une publication.
La sociologue Laura Centemeri consacre un éclairage sur la permaculture en tant qu'objet d'engouement et en tant que mouvement social, à travers son histoire, déroulée depuis un point de vue transnational, et grâce à une explicitation systématique des soubassements et des horizons politiques sur lesquels s'est construite et développée cette pratique. A noter que la chercheuse avait réalisé auparavant un travail sur les mobilisations des habitants de la région de Seveso en vue de la reconnaissance et de la réparation de leur territoire après la catastrophe industrielle éponyme. D'où notamment son intérêt pour des pratiques écologiques développant un "art de réhabiter" - reposant entre autres sur l'idée d'un activisme par le design -, et de création de solidarités.
C'était le titre d'un colloque fin 2019 rassemblant agents de développement, acteurs institutionnels et économiques, représentants d'associations et chercheurs, organisé par l'INRAE et le Réseau Mixte Technologique Alimentation Locale, portant sur les enjeux suivants : la reconnexion entre producteurs et consommateurs, la valorisation de la production locale, la préservation des terres agricoles. Avec une question centrale : en quoi et à quelles conditions la reterritorialisation de l'alimentation fait-elle émerger des modèles opérationnels et durables ? Les vidéos et présentations des intervenants sont à présent accessibles et un compte-rendu a été rédigé.
C'est le titre d'un dossier de Transrural initiatives, qui fait suite à une journée d'échange organisée par Cap Rural fin 2019 pour comprendre ces nouvelles relations à partir de stratégies agricoles locales portées par des intercommunalités. Le magazine revient sur le rôle croissant des intercos dans les questions agricoles puis zoome sur des expériences. D'abord la "stratégie de Valence Romans Agglo [qui] repose sur une charte construite avec les acteurs locaux de l'alimentation, l'agriculture et la forêt". Puis sur celle de Saint-Flour Communauté qui "soutient l'achat d'outils de transformation et de matériel pour les productions locales et à forte valeur ajoutée". Enfin sur la stratégie de la communauté de communes de la Vallée du Garon "en faveur d'une agriculture de qualité et résiliente" et sur celle du Pays Voironnais qui mène "une politique agricole et plurielle" depuis... 1973.
En 2015, une commune des Côtes-d'Armor acquiert une exploitation agricole tout juste fermée. Que faire des 50 ha de terres et des 4 000 m2 de bâti ? Comment la commune peut-elle réutiliser ces vieux bâtiments amiantés, construits après-guerre pour l'élevage intensif ? Avec le soutien du CAUE du département, de la commune et de la Fondation Carasso est née la plateforme d'enseignement Trans-Rural Lab. Celle-ci propose à des étudiants et enseignants de travailler sur le projet in situ. Une "immersion [qui] les amène à imaginer un projet de réhabilitation en accord avec le mode de vie et les souhaits de leurs hôtes."
Tel était le titre d'une webconférence organisée par le CLER - Réseau pour la transition énergétique en février 2020, qu'il est désormais possible de revoir en ligne. Des renvois vers d'autres ressources sur le sujet sont également présentés.
Les projets d'énergies renouvelables sont loin de faire l'unanimité au niveau local alors qu'ils sont en général soutenus dans l'opinion publique comme moyens de lutter contre le changement climatique. Dans un article, le géographe Sébastien Bourdin met en évidence le rôle de la gouvernance territoriale mais aussi de l'attachement au lieu comme paramètres majeurs permettant d'expliquer une plus ou moins grande acceptabilité locale. "Loin d'être perçues comme freinant un projet, écrit-il, les oppositions citoyennes doivent être appréhendées comme faisant partie intégrante de la gouvernance territoriale, appelant la mise en place de démarches plus participatives."