Concentration des services publics en zone urbaine, libéralisation des services et évolution de la stratégie des grands opérateurs (La Poste, EDF, SNCF…), transformation des attentes des usagers, dématérialisation et avènement des outils numériques... Ces évolutions incitent les collectivités locales à s’interroger sur leur rôle dans la construction et l’organisation d’une offre locale de services adaptée aux besoins et aux pratiques de leurs habitants. La vallée de la Maurienne, un territoire étalé sur 120 kilomètres, réparti entre 300 et 3200 mètres d’altitude, a des besoins différenciés en termes de services à la population. Le Syndicat du Pays de Maurienne, regroupant sept EPCI, a choisi de réfléchir l’offre de services par rapport à un enjeu de cohésion et d’équité territoriales, car la géographie de la Maurienne impose un maillage répondant à une exigence de proximité, et à un enjeu d’attractivité, car la présence des services conditionne le potentiel de développement du territoire. Ce Syndicat a réalisé ainsi un Schéma Opérationnel des Services (SOS).
La région Auvergne-Rhône-Alpes se distingue de ses homologues par une grande diversité des temps d’accès de la population à un panier de services et équipements de "vie courante". Très urbanisée, elle est aussi un ensemble régional où les espaces peu ou très peu denses sont très présents. Or, c’est au sein même de ces territoires de faible densité, notamment ceux de montagne, que les habitants sont les plus éloignés des services. Près de 13 % des habitants ont un temps d’accès en voiture à un panier de services de la vie courante supérieur à sept minutes, un temps de trajet 3,5 fois plus élevé que celui des 10 % les plus proches. C’est l’écart le plus important au sein des nouvelles régions après ceux de la Corse et de la Bourgogne-Franche-Comté. Cet isolement des populations est prononcé dans les montagnes auvergnates, ardéchoises et drômoises. Pour les jeunes adultes, un certain nombre de services liés à l’emploi, à la formation, à la mobilité, au sport et aux loisirs ont été choisis afin de constituer un panier spécifique. En Auvergne-Rhône-Alpes, près de 83 400 jeunes âgés de 19 à 29 ans, soit 8 % de cette population, habitent une commune dans laquelle le temps d’accès à ces services spécifiques est supérieur à 17 minutes.
En 2015, le Gouvernement a annoncé l'ouverture avant fin 2017 de 1000 maisons de services au public (MSAP), dont 100 dans des bureaux de poste. La commune de Bagnac-sur-Célé (1700 habitants) dans le Lot a été la première en France à disposer d’un bureau de poste converti en MSAP à l'automne 2015. Elle avait un bureau de poste ouvert quatre heures par jour et cinq jours par semaine, mais l’érosion de la fréquentation faisait craindre une réduction des horaires d’ouverture, voire une fermeture. Par le dispositif d’adossement d’une MSAP au bureau de poste, celui-ci a été réaménagé et doté d’un équipement informatique et du haut débit. Les huit partenaires du projet sont La Poste, la CAF, une caisse de retraite, la CPAM, la MSA, Pôle emploi, GRDF et ERDF. L’opération est financée par ces partenaires via un fonds inter-opérateurs, tandis que la convention MSAP répartit les charges entre La Poste (électricité, internet, signalétique extérieure) et les partenaires (formation et accompagnement du guichetier). Un poste informatique est mis à disposition du public qui peut être assisté pour ses recherches par la guichetière de la Poste. Mairie-conseils fait le récit de cette expérience, présentée comme une réponse aux besoins d’une population plutôt vieillissante, pas forcément très ouverte aux NTIC, et qui n'a plus ainsi à se déplacer à Figeac où se trouvent les divers services.
L’accessibilité des services est fonction de plusieurs facteurs : information sur leur existence et leurs conditions d’utilisation, distance, coût, disponibilité (horaires, délai d’attente…). Ces facteurs n’ont pas la même importance selon les services et selon les territoires. Une étude de l'Insee aborde la question des temps de trajet pour l'accès à un panier d’équipements ou de services considérés comme essentiels dans la vie courante (commerces, établissements d’enseignement, services de soins de première nécessité, services pour personnes âgées ou jeunes enfants). "En France métropolitaine, peut-on lire dans cette étude, un habitant sur deux accède en moins de 4 minutes, par voie routière, aux principaux services de la vie courante. Entre les communes les plus "denses" et les moins "denses", les temps d’accès vont du simple au triple." C’est au-delà de la limite périurbaine que les temps d’accès sont les plus longs. A noter que des disparités existent entre les anciennes régions au sein des nouvelles régions : 25% de la population d'Auvergne est ainsi éloignée des services de la vie courante, contre 11% en Rhône-Alpes.
En 2050 en France, près d'une personne sur trois sera âgée de 60 ans ou plus, contre une sur cinq en 2005. Comment accompagner cette évolution démographique et répondre aux besoins sociaux associés ? Comment favoriser le maintien à domicile souhaité par plus de 80% des séniors ? La "silver économie" - ou "l'économie au service des âgés" - se développe dans ce contexte, rassemblant un large éventail d'acteurs agissant pour améliorer l’état de santé, l’autonomie et la qualité de vie des plus âgés. Plus qu’une filière, elle prend la forme de dynamiques de coopérations visant à adapter la société et à répondre aux besoins sociaux des personnes âgées. L'Avise, portail du développement de l'ESS, a réalisé un dossier sur cette économie. Outre une présentation des enjeux et des acteurs, le dossier présente des études de cas et des projets.