Tous au vert ? Scénario rétro-prospectif d'un exode urbain
"Les postures critiques vis-à-vis de la ville et de ce qu'elle nous révèle de nos modèles socio-économiques ne faiblissent pas", note l'universitaire Magali Talandier, si bien que certaines voix annoncent un futur exode urbain. La chercheuse se demande alors "à quoi ressemblerait cette France post-exode-urbain" et propose pour y répondre une extrapolation de la situation actuelle à partir de la France de la fin du XIXe siècle, lorsque la population française était répartie de façon plus homogène. Dans cet exercice, la population de 2017 est alors répartie entre les communes, au prorata du poids qu'elles occupaient en 1876. "Si l'on projette un scénario de dé-densification massive des espaces urbains pour revenir à cette géographie en apparence plus égalitaire, quelles seraient les variations de population et les conséquences pour les territoires ?" Quelques réponses : Murat (15) verrait sa population passer de 1 880 habitants à 5 900 (et devrait alors construire 1 900 logements de 70 m2 ou bien 40 immeubles de huit étages) ; de son côté, Romans-sur-Isère (26) perdrait plus de 10 000 habitants.
En conclusion, écrit Magali Talandier, "cette projection nous montre surtout à quel point ville et campagne sont profondément reliées et constituent en réalité les deux facettes d'un même modèle territorial. Si en ces temps anxiogènes, la ville repoussoir trouve son pendant dans la campagne refuge, cela ne remet pas en cause la nécessité de travailler à l'amélioration des interactions spatiales, plutôt que d'appeler à soutenir de nouvelles fractures."
Mots-clés: mobilité, relations villes-campagnes, population