Étude sur les besoins des familles en situation de pauvreté en matière d'accueil du jeune enfant et d'aide à la parentalité
France Stratégie a publié en 2023 les résultats d'une recherche menée par le CRÉDOC. Outre des entretiens auprès de familles, la recherche a étudié deux terrains : la Seine-Saint-Denis et l'Aveyron. Les résultats "apportent un nouvel éclairage sur le non-recours aux modes d'accueil formels par les familles de milieux défavorisés et proposent des pistes d'action pour favoriser la demande. L'originalité de cette recherche réside dans l'analyse du point de vue des parents afin d'identifier les ressorts de la mise à distance et/ou du possible rapprochement vis-à-vis de l'offre d'accueil".
En synthèse
Le rapport présente cinq profils de famille, principalement des mères en situation de pauvreté : les mères esseulées, les mères « célibattantes », les mères distantes, les mères précarisées faute d'accueil, et les mères ou familles défiantes qui se soustraient aux logiques du contrôle social. Les profils se distinguent sur trois aspects :
- Leur modèle familial : les familles sont plus ou moins attachées à un modèle de vie familiale dit « traditionnel » ou « populaire » où « les rapports entre hommes et femmes, adultes et enfants sont régis par des logiques statutaires laissant peu de place aux interrogations éducatives et à la recherche de ressources autour de la parentalité »
- Leur rapport à l'extérieur vis-à-vis de la parentalité : les familles « se différencient sur le souhait de construire leur parentalité uniquement au sein de leur réseau communautaire ou familial ou bien de recourir activement aux ressources extérieures (activités, accueils, échanges) pour leurs enfants et elles-mêmes »
- Leurs expériences vécues et les rapports aux institutions (PMI ou services de protection de l'enfance) dont les missions d'accompagnement voire de contrôle peuvent être perçues comme « à charge » et venir ainsi freiner les dynamiques de parentalité et contrarier le rapport à l'extérieur de ces parents.
Selon les profils, les familles expriment une plus ou moins grande ouverture aux modes d'accueil formels et aux services d'aide à la parentalité.
La recherche souligne par ailleurs l'existence d'une défiance, commune à l'ensemble des profils, envers les intervenants extérieurs, suspectés de pouvoir juger et dénoncer la situation de la famille.
La recherche se conclut sur quatre préconisations pour améliorer le recours des familles en situation de pauvreté aux modes d'accueil formels et aux services d’aide à la parentalité :
- Démontrer les bénéfices possibles des modes d'accueil collectifs et individuels pour les enfants par l'observation et l'association graduelle et sur un temps long des familles. Pour ce faire, le rapport préconise la participation des parents aux activités des structures (jeux, ateliers, etc.)
- Penser l'accueil progressif et les formes d'accueil mixte. Afin de rassurer les parents sur l’expérience à venir de leur enfant en crèche, la recherche recommande d'allonger la période d'adaptation et d'y associer davantage les parents
- Partager un référentiel commun sur la parentalité entre les professionnels et les parents afin de montrer à ceux-ci qu'ils sont des acteurs concernés par leurs enfants, et débattre avec eux des objectifs de développement et de bien-être des enfants
- Penser, outiller, accompagner la gouvernance territoriale des politiques de la petite enfance et de l'emploi afin de rapprocher ces domaines pour un meilleur partenariat autour des parents à distance plus ou moins grande de l'emploi