Transmission en agriculture - 4 scénarios prospectifs à 2025
A la demande du ministre de l’Agriculture, le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a remis son rapport sur la transmission en agriculture. Il identifie quatre scénarios prospectifs à l’horizon 2025 et indique pour chacun d’entre eux les leviers politiques et économiques à mettre en œuvre.
Les quatre scénarios
1. Le scénario de la continuité : "Des agricultures héritées"
"... conduit à la diminution du nombre d’entreprises agricoles par agrandissement, au développement des sociétés et à une lente érosion du potentiel de production ; ceci avec une nette différenciation des politiques régionales. La préservation de l’usage agricole du foncier, le ciblage des aides à l’installation sur certains territoires ou systèmes, l’équilibre entre incitation et réglementation environnementale y apparaissent comme favorables à la transmission de l’activité."
2. Le scénario de la sécurisation : "Des agricultures contractualisées"
"... permet un maintien du potentiel de production, avec une agriculture performante techniquement, qui contractualise avec l’aval et dont la technicité permet une bonne prise en compte de l’environnement. La sécurisation de l’activité agricole y est assurée par le développement des dispositifs assuranciels. Les formes sociétaires progressent, le capital des entreprises agricoles s’accroît, tandis que le nombre des agriculteurs diminue et que certains territoires fragiles sont marginalisés. Face au coût croissant du capital productif, la mobilisation de fonds d’investissement dédiés et le portage transitoire du capital par les collectivités sont de nature à favoriser la transmission."
3. Le scénario libéral : "Des fermes firmes"
"Les industriels et les distributeurs contrôlent les filières. L’organisation collective des agriculteurs par filière leur donne un pouvoir de marché. Une agriculture techniciste à caractère industriel permet de répondre aux exigences sociétales grâce à des process prenant en compte les caractéristiques du milieu. Elle se développe sous forme de PME aux formes diversifiées et conduit à une multiplicité de statuts (chef d’entreprise, associé, gérant, cadre salarié, ouvrier). Le niveau de compétence des responsables d’entreprises et des salariés s’accroît. L’aval et des fonds d’investissement entrent au capital des entreprises agricoles. Celles-ci, ont recours aux outils juridiques de droit commun régissant les PME, en particulier lors de la transmission. Cependant en marge de cette agriculture d’entreprise, une agriculture d’intérêt territorial fait l’objet d’un traitement spécifique."
4. Le scénario des territoires : "Des agricultures territorialisées"
"... s’appuie sur la proximité qui fait l’objet d’un consensus. Avec le soutien des pouvoirs publics, les agriculteurs, acteurs des territoires, développent une activité diversifiée et écologiquement intensive dans des entreprises le plus souvent sous responsabilité familiale. Ils mettent en œuvre des démarches collectives autour de la valorisation des produits et de la gestion de l’espace. La restructuration freinée en début de période et l’émergence de néo-exploitations ralentit la diminution du nombre d’exploitations. La transmission de l’activité agricole y est dépendante de l’adaptation du contrôle des structures aux enjeux locaux, de la contractualisation et de la rémunération des services environnementaux ; mais aussi du ciblage territorial des soutiens publics à l’agriculture de proximité et de l’engagement des collectivités territoriales."
Chaque scénario met en évidence trois questions déterminantes pour la transmissibilité :
- La gestion des risques, qu'ils soient de nature économique, biologique ou climatique
- Le financement du capital d’exploitation
- L'acquisition des ces compétences indispensables à la maîtrise de l’innovation technique ou organisationnelle par les agriculteurs
A lire : Transmission en agriculture - 4 scénarios prospectifs à 2025, CGAAER, 2016 (118 pages)
Mots-clés: agriculture