Le "local déployé", comme forme des transitions en rural, sujet d'une étude
Dans le prolongement de la recherche ANR FRUGAL (Figures Rurales de l'Urbain GénérALisé), et constatant que les territoires ruraux sont les réceptacles d'expériences en cours (agriculture, alimentation, bois, recyclage, énergie…) se réclamant des transitions, des chercheurs "ont eu idée d'essayer de les recenser, de les catégoriser par nature, le mode d'inscription dans l'espace, les liens (de production) qu'ils entretiennent avec le territoire, les récits qu'en donnent les acteurs eux-mêmes et in fine en essayant de saisir comment ils peuvent être la source d'une nouvelle identité territoriale, au travers d'une forme de paysage". Une publication "met en avant la dynamique réticulaire de ces ilots en transition, et en souligne les relations d'entraide et d'information mutuelles, qu'elle nomme le « local déployé »".
On peut lire dans l'introduction :
"L'enquête enregistre la distance des porteurs d'initiatives individuelles aux collectivités sur le territoire desquelles elles se développent, sans en noter nécessairement le caractère structurel. L'idée de transition est pour l'instant, sur les terrains enquêtés, portée par ces initiatives individuelles qui « se vivent » éloignées des instances collectives et politiques locales. Toutefois, cette distance est, dans certains cas, une étape transitoire faisant place à une cohabitation et une coopération : les circuits courts, marchés locaux, monnaies locales, recycleries apparaissent bien localement comme des facteurs d'animation et de revitalisation de ce milieu rural impliquant les collectivités à toutes les échelles.
La question sous-jacente que soulèvent ces démarches implantées, sinon « encastrées », dans leur territoire semble bien pour autant de nature économique mais aussi politique et spatiale : y a-t-il une forme de territoire plus à même d'accueillir la transition ? On voit émerger dans la revendication de proximité au local une logique qui réinterroge un modèle économique dominant : être « localisé pour produire », au plus près des ressources locales, et en même temps, être « localisé pour vendre », au plus près des consommateurs, ressemble bien à un programme mettant en scène des activités de nature artisanale. Dès lors, le choix du rural pour la transition, serait-il d'abord celui d'un espace où est possible la transition, parce qu'y sont possibles des formes artisanales de toute nature ? Au-delà de la simple question de l'espace rural lui-même, c'est une question qui interroge la forme plus générale de l'établissement humain après la bifurcation écologique".
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