Une étude pointe une corrélation positive entre culture et développement local
Partant du constat que les statistiques culturelles, si elles se sont enrichies ces dernières années, ne permettent pas de mesurer pleinement la place du secteur culturel dans l'économie ni d'appréhender de façon complète et cohérente les enjeux du secteur, les ministères de l'économie et de la culture ont commandé une étude pour mieux mesurer le poids de la culture dans l'économie et déterminer les leviers d'action permettant d'utiliser pleinement le potentiel de croissance des industries culturelles et créatives. Rendu en décembre 2013, le rapport établit trois conclusions principales : les branches culturelles contribuent à 3,2% de la richesse nationale et emploient 670 000 personnes ; les secteurs créatifs du jeu vidéo, de l'audiovisuel, du cinéma et de la mode présentent une structuration de la valeur ajoutée proche, mais des défis différents à l'international ; l'analyse de l'impact d'une implantation culturelle sur le dynamisme socio-économique d'un territoire tend à démontrer une corrélation positive entre culture et développement local.
Corrélation positive entre culture et développement local
L'étude s'est basée sur une initiative récente de formalisation de méthodologies d'analyse d'impact conjoncturel de manifestations culturelles, dont l'évaluation des retombées est nettement plus mesurée puisqu'elle prend notamment en compte une définition économiquement plus précise du territoire concerné et qu'elle comptabilise les flux économiques "sortant" hors du territoire.
Ensuite, la mission a cherché à identifier des territoires ayant bénéficié d'implantations culturelles au cours de la dernière décennie. L'échelon territorial pertinent d'analyse retenu a été le "bassin de vie", c'est-à-dire le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants. La mission a procédé également à l'identification des territoires "témoins", c'est-à-dire ceux auxquels les territoires culturels devraient être comparés. Enfin la mission a déterminé six variables socioéconomiques permettant de comparer l'évolution relative des bassins de vie culturels et de leurs témoins.
Pour quatre variables, les bassins de vie "culturels" enregistrent une performance supérieure à leurs témoins. Les différences sont les plus marquées pour l'évolution du nombre de créations d'entreprises et pour l'évolution du prix du mètre carré. Elle est plus modeste mais plus répandue pour la part des actifs occupés et pour le salaire net horaire moyen. En revanche, pour deux variables, la différence moyenne est en défaveur des territoires ayant bénéficié d'une implantation culturelle : c'est le cas pour l'évolution de la part de chômeurs et l'évolution de la population totale
Au total, si l'étude des six variables semble bien indiquer l'existence d'une corrélation positive entre la présence d'une implantation culturelle et le dynamisme d'un territoire, l'existence d'un véritable lien de causalité entre l'investissement culturel et la performance socio-économique ne peut être prouvée à ce stade. Les variables testées par la mission ne permettent pas de déterminer si c'est la présence d'une implantation culturelle qui conditionne une performance relative plus importante d'un territoire, ou si c'est parce qu'il est relativement plus dynamique que des territoires comparables qu'un territoire a tendance à investir dans une implantation culturelle. À tout le moins, l'étude tend à constater qu'un territoire qui investit dans une implantation culturelle est plus dynamique que ses bassins de vie témoins, et donc que la "prise d'initiative" dans le champ culturel est sans doute une des composantes d'une dynamique de performance socio-économique.
A lire : L'apport de la culture à l'économie en France, Serge Kancel, Jérôme Itty, Morgane Weill, Bruno Durieux, Inspection générale des finances et Inspection générale des affaires culturelles, décembre 2013.
- Les principales conclusions sous forme de graphiques (20 pages)
- Le rapport intégral (390 pages)
- La synthèse (35 pages)