Comment agir localement quand le local se globalise ?
Pour le géographe Daniel Béhar, à l'heure de la société en réseaux et du local globalisé, "on passe insensiblement partout d'un fonctionnement en bassins de vie à des pratiques en archipel". Et les habitants du dural "pratiquent encore davantage la multi-appartenance et le zapping territorial". Si bien que "le territoire ne fait plus société". D'autant que, d'une part, "les configurations géographiques des chaînes de valeurs économiques, des écosystèmes environnementaux et des trajectoires résidentielles coïncident de moins en moins" et que, d'autre part, "dans une société de flux et d'interdépendances, les lieux d'émergence d'un problème ne sont plus ceux où l'on peut traiter les mécanismes qui l'ont produit". Alors, "quel que soit le périmètre considéré, et sa taille, il est aujourd'hui impossible de trouver localement la réponse "globale" à ses enjeux". Le géographe invite à passer d'une politique des lieux à une politique des liens, seule condition selon lui "une refondation de l'action territoriale".
Pour cela, il faudrait éviter à la fois :
- "l'invocation du local comme valeur refuge" (déni)
- le passage à des territoires XXL en imaginant "retrouver les formes et les fonctions du local, en changeant d'échelle" (fuite en avant)
- la structuration politique des territoires sur le modèle du "fonctionnement de la société en réseau" (deuil du local)
La solution : une "coopération à géométrie variable entre les territoires", c'est à dire la coopération inter-territoriale. Et alors aux élus communaux la "responsabilité de "refaire communauté", d'identifier les communs autour desquels peut à nouveau se fabriquer un intérêt général local".
Mots-clés: coopération, Collectivités