Nouveaux arrivants en agriculture : un groupe européen fait avancer le sujet

Publié le 31 mars 2016.

Dans le cadre du Partenariat Européen pour l'Innovation agricole (PEI-AGRI), l'Europe a mis en place des groupes de réflexion thématiques ("focus group") qui disposent d'un an pour produire un état de l'art de leur sujet ainsi que des recommandations pour la recherche, mais aussi pour les "groupes opérationnels" à venir. Au regard de ses 15 ans d'expérience sur la construction d'offres d'activités (COA), l'agriruralité..., Cap Rural a été retenu pour participer à cet échange européen et prend part depuis mai 2015 à un focus group européen sur le thème des nouveaux arrivants en agriculture. Retrouvez ici les productions issues de ce travail collectif.

Une année de productions

Le travail collectif a permis de produire 22 études de cas (en anglais), 8 articles thématiques (Définition de "nouveaux arrivants", Accès à la terre, aux financements et aux marchés, Réseaux de conseil pour les nouveaux arrivants, Le rôle des collectivités locales...) et des suggestions pour orienter les politiques publiques européennes.

Mais cette année de travail commun a aussi produit des fruits plus subtils : pour les membres du groupe et pour la Direction Générale de l'Agriculture et du Développement Rural de la Commission Européenne, ces discours concordants ancrent le phénomène des "nouveaux arrivants" dans une réalité concrète et observable. Ces interactions ont créé des liens entre les membres du focus group, chercheurs, agriculteurs, conseillers, qui pourront amener à de futures collaborations.

Grandes lignes

"Le concept de nouveaux arrivants en agriculture est large, ce qui reflète la diversité des agricultures européennes mais aussi les diverses manières d'aborder l'entrepreneuriat dans la production primaire. Le focus group a démontré l'intérêt d'échanger des expériences et d'apprendre de ces nouveaux agriculteurs enthousiastes pour revitaliser l'agriculture en Europe." Tessa Avermaerte, chercheuse à l'Université catholique de Louvain.

Effectivement l'un des apports du groupe a été de spécifier les sources d'innovation que constituent ces nouveaux arrivants. Leur insertion dans les systèmes agricoles amène de nouvelles connaissances et de nouvelles techniques, des modèles économiques orientés sur la demande du consommateur, des systèmes agricoles plus durables, de nouvelles formes d'organisation, des liens augmentés entre agriculteurs et communauté locale, et l'utilisation de connaissances traditionnelles pour innover.

Par ailleurs, le rôle des collectivités locales a été pointé comme crucial : dans certaines régions, elles permettent l'accès à la terre, connectent les nouveaux arrivants avec les autres acteurs du territoire, et ouvrent des débouchés sur les marchés locaux.

Des modèles originaux de transmission et de financement ont été étudiés : le "career-ladder farming" (entrée échelonnée au capital de la ferme), des partenariats de type "equity" et "junior-senior", certaines formes d'agriculture contractuelle, les incubateurs et espaces-test agricoles, les entreprises sociales et les coopératives de production, le financement participatif... Bien entendu, les technologies de l'information et de la communication sont très utiles pour les nouveaux entrants.

Quelles suites ?

Publications du Focus group

L'ensemble des documents seront disponibles en anglais mi-avril 2016 sur la page du groupe, et les principaux documents seront traduits en français et diffusés dans les réseaux ruraux.

Priorités de recherche

L'un des objectifs des focus groups est d'identifier des besoins de recherche. La priorité a été mise sur l'identification des besoins d'appuis des nouveaux arrivants, les facteurs de réussite et d'échec, et les modèles économiques collaboratifs.

La nécessité de travailler sur les méthodes statistiques nationales et européennes est ressortie pour permettre de dénombrer et caractériser les nouveaux entrants.

Groupes opérationnels

L'autre objectif des focus groups est de susciter des idées d'action pour des “groupes opérationnels”, définis comme des "groupes de personnes qui se rassemblent pour travailler à des solutions pratiques et concrètes en réponse à un problème ou une opportunité d’innovation et dont le projet est financé par la Politique européenne de développement rural". Beaucoup d'idées sont ressorties et quatre ont été détaillées : une boîte à outils “nouveaux arrivants” pour les administrations locales, un incubateur, des unités de transformation mutualisées, et le “share farming”.