Relations villes-campagnes… que nous apporte la prospective ?

Le 11 septembre 2013, la Plate-forme régionale développement rural a réuni une vingtaine d’acteurs - représentants des services de l'Etat et des collectivités, universitaires, représentants d'associations et de conseils de développement - dans le cadre d’un atelier de décryptage des travaux de prospective.

De multiples travaux de prospective conduits ces dernières années interrogent les futurs possibles des espaces ruraux, y compris dans leurs relations avec les espaces urbains.

Combinant différentes variables que constituent les tendances lourdes (phénomènes déjà à l’œuvre) et les signaux faibles (phénomènes émergents susceptibles de produire de nouvelles tendances), la prospective conduit à l’élaboration de différents scénarios susceptibles d’apporter aux décideurs publics des pistes de réflexion et d’action en matière d’aménagement et de développement.

La rencontre s’est déroulée en trois temps...

1. La présentation d’une synthèse du diagnostic territorial préparatoire à la programmation des fonds structurels 2014/2020 conduit en Rhône-Alpes qui pointe avec précision les enjeux communs des territoires urbains et ruraux et met en évidence les priorités conjointes des territoires rhônalpins en matière de cohésion et de rénovation de la gouvernance.

2. La présentation par l’INSEE du scénario central de projection de population à l’horizon 2040 mettant en évidence la dynamique démographique de Rhône-Alpes avec un accroissement de 1,4 million d’habitants pour atteindre quelques 7,5 millions d’habitants en 2040.

Rhône-Alpes apparait ainsi comme une région particulièrement dynamique avec un taux de croissance deux fois supérieur à la moyenne nationale. Ce dynamisme démographique s’exprime toutefois différemment – en quantité et qualité - en fonction des territoires :

  •  certains seraient susceptibles de gagner jusqu’à 50 % de population alors que d’autres verraient leur population stagner
  • les territoires en périphérie des métropoles régionales sont les plus impactés par cet accroissement de population
  • le vieillissement - calculé par le rapport entre les + de 75 ans et les – de 25 ans -  touche l’ensemble des territoires et est particulièrement prégnant pour les territoires de montagne
  •  compte tenu de l’augmentation globale de population, le nombre de jeunes croît dans les trois-quarts des territoires rhônalpins.

Ces quelques constats soulèvent de nombreuses questions au titre des relations villes-campagnes et notamment :

  • la consommation foncière alors même que l’on observe ces dernières années un phénomène de décohabitation marqué par une forte baisse du nombre d’occupants par logement et donc un décrochage entre le besoins de logement et la croissance de population
  • les besoins d’infrastructure pour répondre aux besoins de populations se localisant principalement dans le périurbain
  •  les impacts sur les milieux et les ressources (eau, air...) et donc sur la qualité de vie…

3. Une présentation commentée de travaux de prospective en vue d’alimenter les échanges du groupe et d’ouvrir le débat sur les orientations politiques à promouvoir au regard des enjeux identifiés en termes de coopérations villes-campagnes.

Notons en premier lieu que les échanges - entre acteurs de culture et de structures diverses - font apparaitre la nécessité de se doter d'un "abécédaire" commun pour faciliter le dialogue grâce à des définitions partagées. 

  • Pour les participants aux échanges, la question première est la question foncière avec la nécessité d’envisager une « périurbanisation vertueuse ». Il s’agit à ce titre de rendre véritablement opérationnelles les discussions qui existent sur cette thématique.
  • Au titre des enjeux est également pointée la question agricole avec la nécessité de préserver les filières au regard de la tendance lourde au niveau mondial et des risques induits sur le modèle français d’agriculture familiale. Sur cette question, l’agriculture urbaine est vue comme un signal faible (fermes et jardins urbains).
  • Oubliée des présentations, la question de l’eau apparait comme une question à enjeu dans le dialogue urbain/rural.
  • Enfin, les questions de lien social et de cohésion ressortent également du débat : comment entretenir ou (re)développer le vivre ensemble ? comment (re)valoriser les initiatives citoyennes ascendantes et les gisements cognitifs et culturels des zones rurales ?

Il apparait toutefois important de vraiment contextualiser les problèmes économiques et sociaux au sein des territoires pour éviter toute approche généraliste ! 

En synthèse de ces travaux, on retiendra aussi que la prospective est aujourd’hui un des outils permettant :

  • de déclencher, d’enclencher, d’entamer un dialogue
  • de réfléchir aux trajectoires possibles, souhaitables dans la perspective de se forger une vision commune et partagée du territoire – ce grand territoire, aux contours mouvants, issu des pratiques habitantes
  • de traiter les controverses
  • de co-construire des projets de territoire
  • et de mettre en œuvre des politiques publiques concertées et coordonnées. 

 

Un grand merci aux participants et à la DDT du Rhône qui nous a accueillis !