Stratégies Alimentaires Territoriales - 1

"C'est la ville qui nourrit la campagne !", "de quoi a-t-on besoin pour manger ?". Voilà des phrases insolites qui ont ponctué la session Cap Rural du 23 juin 2015 sur le thème "Stratégies Alimentaires Territoriales" (SAT). Onze agents de développement étaient présents à Moirans pour écouter les apports de Caroline Brand, doctorante sur le sujet des SAT au sein de l'UMR PACTE à l'Institut de Géographie Alpine. Sa présentation a mis en évidence les dimensions multiples de ces stratégies, qui amènent complexité et richesse, et qui dépassent les entrées "circuits courts" et "systèmes alimentaires" avec lesquelles certains agents de développement se sont familiarisés depuis plusieurs années. Retour sur les moments clés de cette journée, avant une prochaine session le 17 décembre 2015 qui permettra d'aller plus loin dans l'élaboration de stratégies locales.

 

       

Les exercices collectifs ont permis aux agents de clarifier quand et pourquoi la question alimentaire est arrivée sur leur territoire, de formuler leur problématique spécifique et l'intérêt d'une stratégie, et d'imaginer les objectifs à atteindre. Plusieurs points ressortent des échanges.

Quand émerge la question alimentaire

La question alimentaire apparaît souvent à partir d'un questionnement sur l'avenir de l'agriculture sur le territoire et des changements de l'agriculture. La question du lien urbain-rural est également à l'origine des prémices de ces réflexions, impulsée par une société civile qui agit par la consommation. Deux grandes périodes ont vu émerger la problématique alimentaire : les années 60-70 avec la naissance de mouvements alternatifs, puis la fin des années 2000 avec la prise en main institutionnelle de la question du fait des crises économiques et écologiques.

De la question à la problématisation

Lorsque l'on essaie de formuler la problématique, on revient donc souvent à la "précarité agricole" : se préoccuper de l'alimentation sur le territoire, c'est s'assurer que l'agriculture va perdurer localement, lui assurer un débouché. La cohésion sociale, le changement climatique et l'influence sur les modes de consommation ont été soulevés. Il est à noter que la question des besoins des mangeurs, ou de la souveraineté alimentaire, n'ont jamais été abordées.

Intérêt pour les territoires de s'en saisir

Conséquence logique, l'intérêt qu'a le territoire à se pencher sur son alimentation réside dans la possibilité de conforter l'agriculture (son foncier, ses débouchés), mais c'est aussi le support d' "autre chose" : l'occasion de créer des interdépendances entre les territoires, d'inventer des liens et des écosystèmes. Et enfin l'alimentation peut permettre d'engager une réflexion citoyenne, rassembler les habitants autour d'un sujet qui les concerne tous.

Quelles actions à mener pour quels objectifs ?

Le travail sur les objectifs des stratégies alimentaires territoriales a révélé une difficulté à projeter une vision à long terme et une transversalité entre tous les thèmes liés à l'alimentation. Les participants se sont concentrés sur la formulation d'objectifs et d'actions plutôt intermédiaires, notamment l'indispensable étape de rassemblement des acteurs et d'identification d'un fil rouge pour "réfléchir ensemble à une autre alimentation".

   

Ambitieuse dans son contenu, cette première journée a permis aux participants de se familiariser avec les notions et des exemples de stratégies alimentaires territoriales mises en œuvre en France et à l'étranger.

Une seconde journée programmée le 17 décembre 2015 permettra d'aller plus loin dans l'élaboration de stratégies locales.