Ces agriculteurs qui accueillent des personnes en difficulté

En Rhône-Alpes, il existe environ 300 initiatives d'agriculture sociale et thérapeutique, et plusieurs de nos réseaux associatifs régionaux sont en pointe sur l'accompagnement de ces projets. Zoom sur une forme d'innovation sociale qui se structure progressivement.

Crédit photo : Gerald Assouline

Une envie d'aller vers l'Autre, une opportunité de diversification, une évidence dès la génèse du projet d'installation, ou encore une nécessité pour installer une nouvelle personne sur la ferme... Il y a bien des raisons qui motivent les agriculteurs et agricultrices à se lancer dans l'accueil social ou thérapeutique.

Certains en font sans le savoir, d'autres s'interrogent sur les compétences requises et les moyens nécessaires. Car accueillir sur sa ferme des personnes souffrant de handicaps (physiques ou mentaux) ou d'exclusion sociale, ça ne s'improvise pas, comme le montre le témoignage de Claudette Coquard, éleveuse à Vaugneray (Rhône) :

Pourquoi avez-vous créé une activité d'accueil ?

Lorsque mes enfants ont grandi, j'ai ressenti le besoin de rencontrer d'autres personnes et de renouer avec ma formation initiale de conseillère en économie sociale et familiale. J'ai le statut de conjointe collaboratrice depuis 1997, mais je me posais des questions sur ma place dans l'exploitation familiale de mon mari. C'est en suivant une formation proposée par Fermes du monde, en 2008, que j'ai découvert l'agriculture sociale et thérapeutique. L'existence de cette activité a renforcé une intuition que j'avais en moi depuis longtemps, mais que je n'étais pas capable de formuler. Par ailleurs, avec la petite taille de notre exploitation se posait la question de sa viabilité. Il nous fallait donc trouver un complément de revenus.

Crédit photo : Gerald Assouline

Quelle a été votre démarche ?

J'ai pris contact avec l'association Accueil Paysan, avec qui j'ai monté un projet d'accueil à la ferme. Mais, au fil des démarches que j'entreprenais auprès des structures de soin ou de réinsertion, je me suis rendue compte que je n'étais pas assez formée. J'ai donc suivi un stage de médiation animale à l'Institut français de zoothérapie afin de savoir "travailler" avec les animaux de la ferme et de mieux définir le public qui me convenait. Depuis, je bénéficie du soutien du réseau Astra, qui compte beaucoup.

En quoi consiste concrètement votre activité ?

L'animal est un intermédiaire qui peut favoriser le bien-être, la détente et la confiance pour des personnes en difficulté sociale ou souffrant de handicaps divers. Mon activité consiste à accueillir sur l'exploitation ces personnes, enfants et adultes, seules ou par petits groupes, et de leur proposer des ateliers adaptés : soin des animaux, promenade avec l'âne, entretien du potager, etc. Il s'agit de séances de quelques heures par semaine ou de séjours de plusieurs jours, par exemple pendant les congés scolaires. Le programme est défini avec le personnel accompagnant.