Quart-espace, fronts de champs et lisières

Avec l'extension urbaine émergent de nouveaux espaces, ni agricoles ni urbains, séparant les villes et les campagnes plus qu'ils ne les relient. Comment les aménager et pour quoi faire ?

Des espaces à intégrer


François Huart, de la Région Ile-de-France, décrit le "quart-espace" comme un ensemble de terrains vagues, non bâtis et "perçus comme vacants" mais répondant de fait à différents beoins de la ville, en accueillant des habitats de fortune (cabanisation), des circuits improvisés de cross ou de quad, des casses automobiles, des décharges sauvages ou encore des stocks de matériaux...

Pour lui, "ces diverses occupations répondent indiscutablement à des besoins" auxquels la ville n'offre pas de réponse. Il propose quelques réponses possibles, en vue de "reconquérir le quart-espace".

Des espaces à rêver


Le chercheur Roland Vidal commente quant à lui le hiatus entre les attentes des habitants - qui s'installent en zone périurbaine pour profiter d'une campagne idéalisée - et les pratiques agricoles actuelles.

Il dénonce les projets qui visent à "sortir l'espace agricole de sa fonction de réserve foncière pour le cantonner dans une autre fonction, guère plus valorisante, de nature par défaut", issu d'après lui d'une "certaine confusion entre nature et agriculture".

En d'autres termes, il faut réconcilier les citadins en mal de nature avec les paysages agricoles. Si, "pour un agriculteur, un beau paysage agricole et un paysage productif", pourquoi ne pas tenter de revaloriser non seulement les petites exploitations "à l'ancienne" mais aussi "les vastes plaines céréalières", guères moins ouvertes que "les étendues maritimes versquelles se tournent les stations balnéaires" ?

Des espaces à partager

     
Sur le même thème, l'urbaniste Michel Desvigne propose dans projet pour le Grand Paris de reconsidérer la lisière entre la ville et les champs. Pour lui, il faut dilater "cette ligne mince et fragile" qui sépare plus qu'elle ne relie "la périphérie des périphérie" (zones pavillonaires et commerciales) et des exploitations agricoles "mécanisées à grande échelle".

Pour "épaissir la lisière", il ne souhaite pas rétablir les paysages agricoles préexistants, mais encourager la création d'une bande de terre partagée entre les municipalités, les agriculteurs et les habitants.

Dans cette bande de terre cohabiteraient des jardins individuels ou partagés, des sentiers de promenade, des zones dédiées au compostage, des déchetteries, des exploitations maraîchères ou fruitières... en somme un nouvel espace de convivialité.

L'Ile-de-France, une métrople face au quart-espace. François Huart
Territoires ruraux franciliens et paysages. Roland Vidal
Epaissir les lisières. Michel Desvigne
Revue POUR n°205-206, GREP, juillet 2010, 17 pages
disponibles 2 mois en copie pour les agents de développement rural en Rhône-Alpes